La Bota du Père Campo #32 : Gentianes et Gentianacées (1) et son hôte


Si on vous dit « Gentianacées », vous pensez « gentiane » (!), fort logiquement certes, car le nom de la famille dérive de celui du genre « Gentiana ». On pense aussi alors d’emblée à la montagne et à ses nombreuses et splendides gentianes. Reprenons toutefois la « bible » de R. Corillion : la Flore de la Vallée de la Loire compte 5 espèces de Gentianacées dont deux gentianes. Commençons par celle qui est recherchée, protégée et étudiée, notamment au sein de la LPO.
Gentiane pneumonanthe / Gentiana pneumonanthe / Gentianacées
« Gentiana » : nom latin de la plante / « pneumonanthe » : des mots grecs « poumon » et « fleur épanouie » : la plante était utilisée jadis dans le traitement des maladies pulmonaires.
Caractères : Plante herbacée vivace, à tige dressée (5-40 cm), à feuilles inférieures écailleuses, les autres lancéolées-linéaires, à 1 nervure principale. Fleurs axillaires, bleu azuré (1 à 6), pédicellées ou subsessiles. Calice à divisions linéaires. Corolle (25-50 mm) bleue, campanulée, à 5 lobes ovales-aigus.
 Landes mésophiles des coteaux, vallons et prairies tourbeux / Juillet-Septembre
 
 
La gentiane, l’azuré et les fourmis : une belle histoire de coopération (en dépit du plein gré de certaines …)

L’Azuré des mouillères  (Maculinea alcon) est un papillon rhopalocère (papillon de jour) de la famille des Lycaenidae. Ce papillon présente un dimorphisme sexuel : dessus des ailes bleu terne chez le mâle et brun grisâtre chez la femelle. Cet azuré vit dans les milieux humides où pousse la Gentiane pneumonanthe.
Durant la période de floraison de la Gentiane pneumonanthe, l’été, mâle et femelle s’accouplent et pondent leurs oeufs sur les fleurs de la gentiane qui est donc leur plante hôte. La chenille de cet Azuré va, pendant quelques semaines, se nourrir des graines en formation au cœur de la fleur. Cette chenille va  ensuite tomber au sol où elle émettra des molécules semblables aux phéromones produites par des fourmis du genre Myrmica. Si une fourmi de l’espèce passe à proximité, elle sera attirée par les phéromones et emportera la chenille au sein de sa colonie où elle sera nourrie par les ouvrières comme leurs propres larves.
Ayant été ainsi nourrie, la chenille de l’Azuré des mouillères atteindra la taille optimale pour se métamorphoser en imago, papillon adulte. Suite à cette métamorphose, non protégé désormais par les phéromones, il lui faudra quitter rapidement la fourmilière afin de pas être attaqué par ses habitantes. 
Pour mieux comprendre la vie d'un "Maculinea" : Voir la fiche papillon du PNR LAT
Connaitre les papillons des zones humides fragiles en Maine-et-Loire :

Protection : différentes associations régionales de la LPO, dont la LPO Anjou ont mené des actions dans le but d’étudier l’Azuré des moulières, de repérer les stations favorables et donc de mieux protéger cette espèce menacée (protection nationale). La protection du papillon passe par la protection de la gentiane et de son biotope.
Depuis 2014, la LPO Anjou travail a l'identification des zones qui accueillent cette plantes et y surveille la présence du papillon  à  travers différents programmes : PNA Maculinea, désormais appelé PNA Papillon de jour et le PRAT. Un de site majeur est la Tourbière de loges situées à Brain-sur-Allonnes, mais aussi l'Hippodrome de Verrie. Les rapports de ces études sont disponibles en .pdf, contactez l'équipe salariée de la LPO si vous souhaitez les lire.

Sources : Alain C.-P. (texte et photo), Flore de Rothmaler, Sylvain C. (planche papillon des zones humides), Sylvie D. (quelques compléments).

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