La Bota du Père Campo # 24 : On dirait bien des renoncules mais …


En plaine ou en montagne, certaines belles espèces de Renonculacées à fleurs jaunes font penser, de prime abord, à des « boutons d’or », à des renoncules donc. Le travail des botanistes les ont pourtant écartées du genre Ranunculus pour les placer dans d’autres genres, ce qui signifie une proximité génétique moindre par rapport à celle que toutes les Renoncules possèdent  entre elles. Au niveau de l’évolution, cela signifie aussi une séparation plus précoce par rapport à l’ancêtre commun de toutes les Renonculacées.
Voici donc 3 espèces de plaine ou d’altitude qui ont petit air de renoncule.

Populage des marais, Souci des eaux / Caltha palustris / Renonculacées
« Populage » : du latin « populago », ancien nom de la plante qui aime le bord des eaux, là où se plaît aussi le genre « populus »… le peuplier. « Caltha » : vient du mot grec kalathos qui veut dire « corbeille » en liaison avec la disposition de ses sépales, en coupe. « palustris » = « des marais », toujours son « home » favori.
Caractères : Plante vivace, à souche courte et racines charnues, à tige de 20-50 cm, sillonnée. Feuilles réniformes, crénelées. Fleurs grandes (1.5-5 cm), mellifères, avec 5 sépales pétaloïdes jaune d’or. Fruits : follicules de 9-18 mm, 5 à 10, comprimés, ridés, à bec court.
Prés marécageux, ripisylves / Mars-Juin.

 


Anémone fausse-renoncule / Anemone ranunculoides / Renonculacées
Son nom indique bien qu’elle fait tout pour nous tromper !
Caractères : Plante herbacée vivace, grêle, de 10-20 cm. Feuilles de la base palmées et très divisées ; verticille de bractées identiques aux feuilles dans le quart supérieur de la hampe. Fleurs assez grandes (25-30 mm), 5 à 8 sépales pétaloïdes jaune d’or.
Forêts et prairies humides / Mars-Mai


Trolle d’Europe / Trollius europaeus / Renonculacées
Y’aurait-il de facétieux lutins scandinaves déguisés en trolles ? En fait, le nom de l’espèce  vient du nom allemand de la plante, dérivant lui-même du latin « trulleus », « bassin, cuvette ». C’est encore la forme de la fleur qui est en cause.
Caractères : Plante herbacée, vivace, dressée (20-60 cm)peu ramifiée. Feuilles très découpées. Fleurs, solitaires, globuleuses (jusqu’à 5 cm) s’ouvrant rarement. Sépales pétaloïdes jaunes et pétales petits, linéaires, caducs.
Prés pâturages humides / Mai-Août
 
 

« Le mystère de la chambre jaune » (Guide Parcs Nationaux : A la découverte des fleurs des Alpes) : les fleurs des trolles ne s’ouvrant pas, ceci empêche toute pollinisation par les gros insectes comme abeilles ou bourdons. Ce sont de petites mouches du genre Chiastocheta qui assurent la pollinisation. Leur petite taille leur permet de rentrer dans la « boule d’or », de se nourrir de nectar tout en se couvrant de pollen qu’elles pourront disperser ensuite et assurer ainsi une pollinisation entomophile. De surcroît, ces mouches se reproduisent au cœur de la « chambre jaune », leurs larves consomment une partie des graines, ceci permettant leur développement. Les reproductions des 2 partenaires sont ainsi assurées : c’est du mutualisme.

Sources : Alain CP (texte et photo), Flore de Rothmaler, Guide Parcs Nationaux : A la découverte des fleurs des Alpes, Flora Gallica.

Commentaires